Zone de Texte: VII — L’abbaye de Saint Rigaud d’Avaize (d’après Cucherat)
Au XI me siècle un mouvement plus austère que celui de Cluny, porté vers la vie en « Ermite » (*), fit venir le vénérable Eustorge de l’Abbaye Saint Austrimoine d’Issoire (43), en Brionnais dans la forêt d’Avaize, à quelques kilomètres à l’ouest de Châteauneuf, forêt naturelle où n’existait encore aucune présence humaine permanente.
Encerclé par la forêt d’Avaize, seul le ruisseau Charrou, bordant le domaine, permit de créer l’étang fournissant le poisson en abondance. 
Inspiré des traditions monastiques les plus anciennes et les plus pures, il fonda une petite communauté adoptant la règle de Saint Benoît, selon Pierre Damien (1007-1072), futur Saint, avec des règles plus rigoureuses qu’à Cluny. .
L’Evêque Drogon, du diocèse de Mâcon, dont dépend la forêt d’Avaize, obtint la donation d’Artaud II Le Blanc, en limite de forêt, de trois domaines avec les serfs qui les cultivaient. On sait même qu’il y avait Constance et ses fils, Martin avec ses fils et ses filles, enfin Gauthier et son épouse. Ceci permit la vie et le rassemblement des ermitages individuels en un prieuré fondé en 1065 et confirmé très rapidement par le pape Alexandre II en abbaye en 1071. (*)
Ainsi, Artaud II possessionné en forêt d’Avaize, comme sa femme Etiennette, d’une grande famille de Néronde(42), furent les fondateurs temporels de cette abbaye et de son premier prieuré en 1067 à St Cyr de Crozan, verrou entre Matour et la région de Montmelard. Mort autour de 1072, Artaud II, qui ne fut jamais Vicomte, fut enterré à Saint Rigaud avec sur sa tombe cette seule inscription : « Artaud de Néronde, fondateur de ce lieu ».
Sa veuve épousa le seigneur de Roanne en deuxièmes noces, mais fut rappelée à l’ordre par l’évêque Drogon, juste avant sa mort, pour qu’elle respecte les engagements pris avec son premier époux, à savoir la donation de l'église de Ligny en Brionnais dont dépend l’abbaye, la terre de Fressy sur Oyé ainsi que son souhait d’être enterrée à Saint Rigaud, à côté de son premier mari, Artaud II Le Blanc. 
Drogon (*), puis Landric et ses successeurs, Évêques du diocèse de Mâcon voulurent affirmer nettement l’indépendance totale de Saint Rigaud en exigeant le respect scrupuleux des règles ascétiques de l’ermite Eustorge. Ces exigences épiscopales provoquèrent à l’intérieur de la communauté naissante de Saint Rigaud, vers 1100, un véritable schisme. Les partisans de l’indépendance à tout prix laissèrent s’expatrier définitivement les meilleurs moines, qui ne voyaient pour l’avenir de l’abbaye aucune autre solution de survie et de salut qu’un ralliement à la congrégation clunisienne.
Ils partirent sur le rocher de Cordouan (*), à l’extrême pointe de la Gironde, donc du Médoc, puis se rapprochèrent du continent pour fonder le prieuré clunisien de Graves et y implanter la vigne.
Ce drame interne donna un coup d’arrêt à toute expansion de l’abbaye, qui par son engagement absolu d’observer perpétuellement la rigueur des règles de Pierre Damien a végété sans faste ni gloire, avec des ermites pétris de l’amour de la paix et de la solitude, remplis d’humilité, de détachement et d’esprit de pauvreté, vivant avec ce seul idéal : 
« être pauvre pour s’adonner aux pauvres ».
L’abbaye s’endormit donc d’un grand sommeil jusqu’à la Révolution, mais grâce à la vigilance active de l’autorité épiscopale des évêques successifs du diocèse de Mâcon, elle se maintint jusqu’à sa fin dans la régularité.
Elle devint « abbaye royale » au XV me siècle, sans résidence de l’abbé commendataire, mais  avec le titre et les prérogatives de chef d’ordre, n’ayant sous sa juridiction que quatre prieurés, sans nom et sans richesse. Excepté le prieuré de Saint Thibaut dans l’Auxois (21) où l’église prieurale reçut les reliques du Saint et donna lieu à un grand pèlerinage.(*) L’abbé de Saint Rigaud avait le droit de patronage, donc nommait à la cure, sur les églises paroissiales de Ligny en Brionnais, Chauffailles, Crozan, Matour, Vauban, Azolette, Melay sur Loire et Meulin.(*) 
Ainsi, jusqu’à la révolution, les curés choisis par l’Abbé, distribuaient la bonne parole pacifiante, sous couvert d’un ascétisme résigné, à une population docile et obéissante qui ne les contesta jamais. Avec son très faible revenu annuel s’élevant à 3 600 Francs pour l’abbaye , dont la moitié était perçue par l’abbé commendataire (*), le reste ne permettait d’entretenir que quelques moines. 
Seule l’église de Saint Rigaud faisait défaut à la modestie traditionnelle de l’abbaye, avec ses trois nefs élevées et au dessus des 4 piliers du chœur, sa tour carrée, surmontée après la Renaissance, d’une flèche octogonale d’une grande hauteur et couverte en ardoise. La foudre la brûla le 25 mars 1778.
Tout disparut à la Révolution, sauf l’hôtel prieural et quelques dépendances utilisables. Le reste avidement arraché jusqu’aux bases des fondations, servit de carrière à bon compte pour les bâtiments d’alentour. L’église, le cloître, les locaux où chaque moine avait son logement avaient totalement disparu au cadastre de 1825.
VIII. Archimbaud II - Vicomte — (Autour de 1080-1100)
Création de l’hôpital d’Aigueperse (1100)
La succession de Hugues II, autour de 1080, fut confiée à son fils Archimbaud II qui continua à sécuriser la forteresse de Dun, en renforçant la défense du château de Chevagny le Lombard et en créant le poste militaire d’Azolette.
A la fin de sa vie, Archimbaud II, seigneur d’Aigueperse (sous le château de Chevagny le Lombard) décide, sous les auspices de l’évêque d’Autun ( dont dépend Aigueperse), d’y fonder un Hôpital, quelques mois avant sa mort, pour le repos de son âme et y être enterré.
Cet évêque, Aganon (1055-1098), avait déjà reçu de nombreux biens de son oncle Artaud II le Blanc, pour la fondation du prieuré Saint Cyr (1067) sur la montagne de Crozan, dépendant de l’abbaye de Saint Rigaud.
Pour l’hôpital d’Aigueperse, Archimbaud II donna aux religieux desservant :
·	sa forêt « pour en tirer toutes leurs nécessités et y engraisser les pourceaux au tems (sic) des glands »
·	la chute d’eau de la rivière pour construire des moulins
·	le pâturage de ses prés après la levée des foins
La tradition indique que les évêques successifs d’Autun accordèrent à l’hôpital des libéralités en donnant la paroisse de Gibles pour la tenir et la posséder à perpétuité, puis en 1176 l’église de Veuzelles. L’hôpital n’est plus au XIII me siècle qu’un repaire de vagabonds.
Louis de Beaujeu et Hugues d’Arcy, évêque d’Autun, firent ériger en 1288, cet hôpital en collégiale, c'est-à-dire avec un chapitre de chanoines établi dans l’église d’Aigueperse bien que sans siège épiscopal.
Cette collégiale de douze chanoines fut dirigée par un doyen avec huit résidents et trois curés aux paroisses de Saint Igny — saint Racho et Propières jusqu’en 1793, date où les chanoines sont chassés et l’église d’Aigueperse pillée.

(*) lieu d’implantation du phare, battu par l’océan

(*) Pour mémoire, l’abbé de Cluny percevait 50 000 francs et celui de Cîteaux 120 000 francs

Dernière mise à jour : décembre 2008

(*) La réforme monastique de Cluny au X me siècle et sa dépendance à la papauté seulement, permet à cette abbaye de réunir en un peu plus d’un siècle 10 000 moines dans environ 1250 monastères, mais, en réaction, à initié dans l’Eglise une opposition orientée vers un grand mouvement ascétique, conduisant au « désert » des âmes ardentes, éprises d’absolu, de séparation du monde, d’union intense à Dieu qui parle dans le silence des espaces et de la nature.

(*) Mais c’est bien trop tard, qu’arrive cette abbaye Bénédictine en terre Brionnaise. Cluny avec Charlieu, Paray et Marcigny occupe tout le territoire.  Elle est aussi trop proche du prieuré et sanctuaire de pèlerinage d’Anzy le Duc,  (au nord de Marcigny) rattaché à l’abbaye de Saint Martin d’Autun. Enfin, elle sera très vite concurrencée par l’abbaye Cistercienne de la Bénisson-Dieu (initialement Bénédiction de Dieu)   fondée en 1138 et proche de Briennon.

(*) L’Evêque Drogon « souffrait de la concurrence de Cluny» d’autant qu’il venait de recevoir un sérieux avertissement du légat du pape, justement Pierre Damien, au Concile de Châlon, en 1063 qui rappela au nom de l’Eglise Romaine que « Cluny dépend du saint-Siège seul » et non pas de l’Evêque de Mâcon, bien que située dans ce diocèse.

(*) Il reste actuellement du XIII me siècle un chœur très élégant équivalent à une demi cathédrale, complété d’une sculpture bourguignonne remarquable sur le portail d'entrée.

(*) En 1746, lors d’une visite pastorale on ne nomme plus que les trois églises de Melay, Ligny et Azolette.