Chapitre II — Histoire de la vicomte mâconnaise au XI me siècle

Zone de Texte: I. Début de la vicomté de 1000 à 1040
Dans la seconde moitié du X me siècle, en Mâconnais, le comté est le centre de la vie politique, car la décomposition de l’état Franc a consacré l’indépendance du Comte sans restreindre son autorité.
Parmi les vicomtes connus, il y a d’abord Albéric (ou Aubry) (927-943), se reconnaissant comme vassal du comte de Mâcon — Hugues le Noir (927-957) qui lui laisse le pouvoir sur tout le comté.
Ensuite, nous trouvons le premier Hugues le Blanc en 958—Seigneur de Briennon. Cette famille, fondatrice d’Azolette, descend de Froilan surnommé Le Blanc, premier seigneur de Briennon et troisième fils de Froilan de Chamilly, seigneur et fondateur de la dynastie des Semur (en Brionnais) au début du X me siècle, et neveu de Boson qui se proclame en 879, le roi d’une Provence indépendante.
Vers 970, le Vicomte Narduin assiste le Comte au tribunal qui se tient à Mâcon, où siègent les membres de la plus haute société. Y sont représentés les Berard : de Beaujeu, de la Bussière et aussi de Montmerle. Il y rencontre Guigue, petit fils de Bérard, châtelain de Montmerle, Vicomte du Lyonnais, qui épousera Euphémie sa fille. En cette époque de féodalité naissante, les charges devenant héréditaires, Guigue de Montmerle est Vicomte du Mâconnais à la mort de son beau père vers l’an mil.
Ainsi la charge vicomtale est exercée en lyonnais et en mâconnais par un même personnage.
C’est le moment où la zone d’influence du Comte diminue et cesse de coïncider avec l’ancien Pagus Matisconensis, calqué sur les limites du diocèse de Mâcon. Elle cesse totalement à l’Ouest vers la Loire, laissant place à la création d’une Vicomté couvrant les limites de l’ancien Pagus Dunensis.
Ce territoire de 40 Kms de longueur sur 20 Kms de largeur (voir en IV ci-après la carte de la vicomté à la fin du XIème siècle) est limité :
	au Nord, par le pagus Briennensis (Brionnais) sous l’autorité des barons de Semur en Brionnais
	à l’Ouest, par le pagus Rodanensis (Roanne) sous l’autorité des Comtes de Lyon et du Forez
Au Sud/Ouest, par le pagus Tolveonensis (Tourveon) où l’influence des sires de Beaujeu va devenir prépondérante
	au Nord/Est, en Charolais, dépendant de l’Autunois sous l’autorité du Comte de Chalon. 

La pièce maîtresse de la Vicomté est : la forteresse de Dun.

Cette Vicomté resta toujours liée au Comte de Mâcon, jusqu’à la chute de Dun en 1180 qui entraîna sa disparition et sa réintégration dans le Comté, jusqu’en 1239, date où Saint Louis racheta le Mâconnais.
Pendant les premières années du XI me siècle, Guigue, vicomte du lyonnais et du mâconnais, et surtout, Seigneur de Montmerle assura, par son renom, l’existence de cette Vicomté reconnue et respectée de tous ses voisins.
Guigue n’eut qu’une fille Béatrice qui épousa Archimbaud I le Blanc, descendant d’anciens vicomtes, seigneur de Briennon, gros alleutier dans la région de Chauffailles et possessionné, en région charolaise, proche de Dun, autour de Montmelard - Gibles - Bois Sainte Marie. (voir en IV ci-après la carte de la vicomté à la fin du XIème siècle.) 
En 1030, Guigue effectue un pèlerinage à Rome pour racheter toutes les erreurs de sa vie et c’est, sans doute, à cette occasion qu’il transmet la Vicomté à son gendre qui va l’agrandir de toutes les possessions des Le Blanc.
En 1036, c’est Archimbaud I qui fait le pèlerinage à Jérusalem soixante ans avant la première croisade.
Il fit alors donation à Cluny d’un domaine à Vigousset près de Montmelard et de l’église de Saint Laurent en Brionnais avec les revenus qui y étaient attachés.
De retour en 1037, il donne encore à Cluny en tant que Vicomte et Seigneur de Dun, le domaine du Vigneau (alias Joux) également sur Saint Laurent comprenant : manses, étables, animaux domestiques, serfs, prés, terres et bois (cadeau possible seulement d’un très gros propriétaire), ainsi que l’église de Saint Cyr sur Crozan (1039).
Archimbaud meurt en 1040 et sa veuve Béatrice donne encore à Cluny le domaine du Sauzet.
II. Les enfants d’Archimbaud I le Blanc
Béatrice et Archimbaud eurent trois fils : Hugues II, Artaud II  et Guillaume. A cette époque, les biens du père revinrent intégralement aux trois enfants.
Hugues II, l’aîné, reçut tous les biens situés autour de l’origine familiale soit la Seigneurie de Briennon avec la Vicomté du Mâconnais. Mort vers 1080, il laissa la Vicomté à son fils Archimbaud II mort en 1100.
Artaud II, le second, reçut les biens autour de Saint Laurent en Brionnais, Montmelard et Chauffailles. Dans cette dernière zone montagneuse du haut Beaujolais s’achevait progressivement les essarts ou défrichement des lieux gagnés sur la forêt dont les terres du futur Azolette.  Il mourut en 1072, avant son frère Hugues II, ne fut donc jamais vicomte et de plus n’eut pas de descendance.
C’est lui qui participera activement à la création de l’Abbaye Bénédictine de Saint Rigaud d’Avaize .(1065) étudiée au VII ci-après.
Guillaume, le dernier, épousa une Meulin (seigneurie liée à Dompierre les Ormes (71) district de Montmelard, proche du château de la Bussière (aux Berard). Il donnera naissance à une branche Berard descendante du Vicomte Guigue de Montmerle comme les Berzé, les Merzé, les Biere, les Saint Nizier…
Ce Guillaume eut un fils Hugues, prévôt de  Charlieu en 1096, que l’on a tendance à confondre avec son oncle, le Vicomte Hugues II, mort autour de 1080.
III — Hugues II - Vicomte (autour de 1040-1080)

Hugues II étendra les biens familiaux autour de Briennon à l’Ouest de la Loire et pour leur défense construisit la forteresse du Crozet (1078) à côté de la Pacaudière (42) (*). Cette première forteresse en Roannais souleva beaucoup d’animosité du côté des Comtes de Lyon et du Forez qui en construisirent ensuite d’autres pour s’opposer à l’extension des Le Blanc (*), ainsi bloquée à Noailly au Sud et Melay au Nord.Reportant leurs efforts non plus à l’Ouest de la Loire mais à l’Est, des acquisitions furent réalisées autour de la forteresse de Dun pour assurer avec sa défense la sécurité de la Vicomté.
IV — Carte de la vicomté mâconnaise sous l’influence de la Maison le Blanc à la fin du onzième siècle

V — La forteresse de Dun Pièce maîtresse de la Vicomté
Elle est située à 9 Kms au Nord d’Azolette, sur un promontoire en limite Nord des Monts du Haut Beaujolais.
Deux sommets Dun et Dunet étaient occupés dès l’époque romaine. Un dicton local rapporte « Si Dun sur Dunet étaient, les portes de Rome on verrait) Un oppidum fut établi sur Dunet par les Eduens. Des traces du rempart restent encore visibles. Par contre dès le IX me siècle Dun fut choisi pour la construction d’une puissante forteresse.
Du haut de ce sommet de 708 mètres, la vue s’étend sur le pays de la Loire, du Forez, du Brionnais et du Charolais.

On voit qu’il était nécessaire d’escalader quatre murailles successives pour se rendre maître du cœur de la citadelle
Elle ne couvrait pas moins de deux hectares et Dun possédait « une place assez spacieuse en laquelle se tenait le marché ». C’était le chef-lieu où se réunissaient les assemblées judiciaires et la cour de la Vicomté. Défendue par une garnison permanente, avec une faible population, elle servait de refuge en temps de guerre. Cette forteresse était imprenable.
La porte principale était orientée plein Sud, face à Azolette et défendue par de nombreuses tours (au Nord une autre porte permettait par un sentier d’accéder depuis Varennes sous Dun).
Du fait de l’abrupt au Nord, la protection n’était à rechercher qu’à l’Est, l’Ouest et au Sud. (voir la carte ci-dessus)
à l’Est, il fallait se protéger d’une invasion remontant la vallée de la Grosne, à travers le Mâconnais, le Clunisois, le Comté de Chalon, la Bourgogne, ou bien même plus au Nord, comme ce fut le cas en 1180, avec l’intervention de Philippe Auguste roi de France.
Pour cela, en Charolais, les Le Blanc reçurent en fief du comte Guy de Chalon, le château fort de Chevagny le Lombard entre Aigueperse et Saint Bonnet les Bruyères et acquirent en alleux de nouveaux essarts qui deviendront les paroisses d’Aigueperse, Saint Igny de Vers et Propières, toutes du diocèse d’Autun.
Réunis avec les possessions des Le Blanc autour de Montmelard, Gibles et Bois Sainte Marie, tout le Sud Est du Charolais passa sous l’autorité de la Maison Le Blanc.
à l’Ouest et au Sud, il fallait se protéger de l’expansion « tout azimut » des Sires de Beaujeu qui n’avaient pourtant pas encore franchi le massif du Saint Rigaud dans le secteur inoccupé d’Azolette.
Sur la vallée du Botoret la famille Villon était alleutier, dans la région de Chauffailles, comme les Le Blanc, du même parti et suivant en permanence leur fortune. Ils ne possédaient pas de châteaux mais des villas dont l’une existait au village de Villon, rive gauche du Botoret, face à la Guillermière, contrôlant la circulation sur l’« iter publicum » à l’amont de Chauffailles.
Sur la vallée du Sornin, la partie non encore habitée de sa haute vallée était sous l’autorité des Le Blanc et contrôlée par le château fort de Chevagny le Lombard.
Restait à défendre la vallée du Mousset, voie la plus directe pour attaquer Dun depuis l’« iter publicum » par Azoles nécessitant donc la création d’un poste militaire, au Sud de Dun.
VI — Azolettes « tête de pont » de la Vicomté Mâconnaise au sud de la forteresse de Dun.
On profita du verrou naturel existant au droit du site de Magnez (Maignet ou Magny), pour construire sur le plateau une maison forte tête de pont défensive de Dun.
Cette maison reçut une petite garnison permanente pour assurer le guet et la première défense en cas d’attaque, la vision, donc l’information, étant toujours possible avec la forteresse de Dun. Ce petit poste militaire prit le nom d’Azolettes en référence aux villas d’Azoles. (*) 
Autour de cette « tête de pont » furent amenés et fixés quelques serfs, dans des manses, pour cultiver et nourrir l’ensemble.
Ce poste militaire devint rapidement suffisant numériquement pour que soit construit une petite église assurant le gouvernement spirituel de cette communauté de soldats et serfs, sous l’autorité totale des Le Blanc.
Tout naturellement cette église fut confiée à l’Abbaye de Saint Rigaud d’Avaize, si dépendante des Le Blanc et récemment fondée en 1065 par Artaud II le Blanc, comme nous allons le voir ci-après.
Ceci nous permet de fixer à la fin du onzième siècle, l’existence de la paroisse d’Azolette. C’était l’abbé de Saint Rigaud qui nommait à la cure, il le fit jusqu’à la Révolution soit pendant 700 ans. Cette durée confirme la pérennité et le respect de l’autorité de l’Eglise en Haut Beaujolais.

On a écrit : « le onzième siècle appartient plus à la légende qu’à l’Histoire ». Connu seulement par les chartes des abbayes, copiées par des moines non rigoureux et trop imaginatifs, on aboutit à des confusions de dates comme de prénoms amenant souvent à des généalogies suspectes.

C’est le cas pour la Vicomté Mâconnaise, dont va dépendre Azolette, rapportée seulement dans les premières chartes de l’abbaye Bénédictine de Saint Rigaud en Avaize par l’Abbé Cucherat, premier à s’y intéresser huit siècles plus tard, dans une communication de l’Académie de Mâcon en 1853.

Selon Mathieu Meras, spécialiste du Moyen-Âge en Beaujolais, « la valeur historique, chez Cucherat, est souvent mise à mal, n’étant qu’un roman historique bâti sur quelques textes mal compris » tandis que pour Raymond Oursel, membre de l’Académie de Mâcon, « la transcription de chartes par le bon chanoine Cucherat, est entachée de la pieuse emphase inimitable que cultivait avec prédilection cet érudit ecclésiastique à l’éloge de son terroir Brionnais. »

Bien qu’amoureux du Moyen-âge, nous garderons un regard critique sur l’évolution de la Vicomté.

(*) Voir la carte de la Vicomté à la fin du XI me siècle

Dernière mise à jour : décembre 2008

(*) Au début du XIII me siècle, le comte du Forez, Guy IV, profita de la ruine de la famille Le Blanc après la destruction de Dun (1180) pour se rendre maître des possessions roannaises des Le Blanc et spécialement du Crozet.

(*) Son existence est confirmée dans le terrier d’Azolette de 1553 où un ancêtre des Delacroix, le notaire Etienne Oysellier, propriétaire du domaine de Jean de Magnez est redevable pour « les fondations de la maison forte en ruine ».

Narduin—Vicomte du Mâconnais

À partir de 964

Une fille unique Euphémie

épouse Guigue de Montmerle, Vicomte de Lyon, puis du mâconnais à partir de l’an mil

Une fille unique Béatrice

épouse vers 1020 Archimbaud I le Blanc Seigneur du Briennon—Vicomte du mâconnais 1030-1040

Hugues II

Le Blanc

Vicomte du Mâconnais

(1040-1080)

Artaud II Le Blanc

Mort en 1072

Fondateur temporel avec sa femme Etiennette de Néronde, de l’abbaye bénédictine de Saint Rigaud d’Avaize (1065)

Guillaume le Blanc

épouse une Meulin

Branche des

Beaujeu de Montmerle

Archimbaud II

Le Blanc

Vicomte du Mâconnais

(1080-1100)

Sans postérité

Hugues

Prévôt de Charlieu

en 1096