(*) Ainsi, en 1573, Nicolay géographe du roi Henri II, décrit le massif du Saint Rigaud " comme une montagne toute recouverte de grands bois et de forêts de haute futaie, principalement des faillards (hêtres). Ces bois sont parfois avec des taillis si épais que l’on peut à peine apercevoir un homme qui serait à la distance d’une lance, surtout en été quand les bois sont feuillés (sic). Ainsi on y fait souvent des meurtres d’hommes et des voleries sur le chemin qui est monteux et plein de contours ". (Il s’agit du chemin allant de Beaujeu à Dun, passant par Chenelette, la croix d’Ajoux, Propières et bordant Azolette à l’Est).

Dernière mise à jour : décembre 2008

Chapitre I — L’an mil au pays d’Azolette

Zone de Texte: I — Géographie
Les hommes de l’an mil, dans le haut Beaujolais, devaient s’accommoder du même relief, du même climat et du même sol qu’actuellement. De plus, toute existence humaine était confrontée à l’invasion de l’arbre et de l’humidité et à l’existence, comme barrière naturelle et frontière, de la ligne de partage des eaux « Océan – Méditerranée ».
le relief :
Cette ligne de partage des eaux  suit la chaîne du Mont Saint Rigaud, jusqu’aux Echarmeaux, puis descend la rive droite de l’Azergues. Elle passe donc à trois kilomètres au sud d’Azolette qui se trouve côté Océan.
Cette crête donne naissance à trois vallées parallèles orientées Sud/Nord, dont les eaux se déversent dans la Loire.. Dans la vallée d’Azolette, coule le Mousset entre les Echarmeaux et la forteresse de Dun passant par Azolette aligné entre les deux. Cette vallée est bordée à l’Est par celle du Sornin qui coule de Propières à la Clayette et à l’Ouest par celle du Botoret qui coule de Belleroche à Chauffailles.
le climat :
Sur le plan climatique, la ligne de partage des eaux est à l’origine d’un affrontement entre les influences océaniques et continentales entraînant des alternances irrégulières. Au froid sec d’un hiver rigoureux, succède un printemps pluvieux et doux mais capricieux, suivi par des étés chargés d’orages, alors que l’automne d’ordinaire est ensoleillé. Les risques de gelées, pluies et orages, obligent de pratiquer la polyculture pour ne pas s’exposer à tout perdre. Cette juxtaposition de cultures complémentaires a caractérisé le paysage, hors forêt, du haut Beaujolais depuis l’origine des temps jusqu’à ces dernières années, où tout fut muté au profit de prairies pour l’élevage de bovins « Charolais ».

le sol :

En zone d’altitude, la forêt couvre les pentes et couronne les crêtes, souvent avec des taillis de feuillus impénétrables. (*)
 Le massif de Saint Rigaud n’a jamais été défriché et les résineux n’y ont pas encore pénétré, c’est une frontière inaccueillante qui le restera pendant de nombreux siècles, si on note que sur la carte Cassini, vers 1760, aucune maison n’existe encore au col des Echarmeaux.
Zone de Texte: III — Histoire du mâconnais avant l’an mil




Depuis Charlemagne, le territoire de la France est divisé en comtés, suite des pagus calqués sur les anciens diocèses. 
Le diocèse Lugdunensis (Lyon) datant du deuxième siècle est limité au nord par le diocèse Eduensis (Autun – à côté du Mont Bibracte capitale des Eduens), fondé dès le troisième siècle.
Au V me siècle, fut pris sur ces deux diocèses le diocèse Matisconensis (Mâcon) dont dépendra jusqu’à la révolution la paroisse d’Azolette.

Le territoire du Comté de Mâcon, qui correspond au diocèse de Mâcon, est fort irrégulier et ses contours coïncident rarement avec les directions maîtresses de la géographie physique ou humaine Bizarrement étranglé entre Beaujeu et le massif du Saint Rigaud, il comprend le versant de la Loire d’une part, le Mâconnais et le Clunisois de l’autre, avec Mâcon, résidence du Comte à son extrême périphérie Est, au bord de la Saône.





Ce pays très isolé ne sera qu’à peine effleuré par les invasions du X me siècle. Les quelques raids hongrois ou sarrasins passeront en " coup de vent " le long de la Saône et ne laisseront à l’intérieur du Mâconnais aucune trace durable.

Au milieu du X me siècle, où Cluny n’a pas cinquante ans d’âge, la majeure partie du sol mâconnais appartient aux laïcs, la puissance et la fortune de l’Eglise étant encore très modestes.

Certains châtelains audacieux purent à partir des premiers " Essarts " défrichés en plaine (Brionnais, Charolais, Forez, Beaujolais…) s’approprier d’immenses territoires dans le Mâconnais montagneux et devenir de grands propriétaires terriens

Les quatre familles les plus riches, sont au nord à Brancion (les Garoux) et dans le Clunisois (Les Evrard), et au sud, (les Bérard), fondateurs de la seigneurie de Beaujeu, avec une fortune terrienne, centrée dans le Haut Beaujolais et au Nord de Lyon, suffisamment opulente pour assurer une position éminente aux trois branches de la famille :

Les Bérard de Trambly devenus Deschaux autour du château de la Bussière sur la Grosne au nord de Trades

Les Bérard de Montmerle avec Guigue, châtelain de Montmerle (en face de Belleville) vicomte de Lyon et par son mariage, vicomte de Mâcon

Les Bérard de Beaujeu avec Humbert Ier, châtelain de Beaujeu qui rassemble entre ses mains le très gros héritage de son père Bérard, fondateur de la dynastie et de ses oncles de Montmelas

Reste le Comte de Mâcon, possessionné surtout autour de Mâcon. Il va délaisser la partie montagneuse et occidentale du Comté, dont dépendra Azolette, historiquement plongé dans une complète obscurité, pour constituer une Vicomté objet de notre étude.

(*) Ces deux domaines sont répertoriés pendant plusieurs siècles au terrier d’Ajoux, Monastère au sommet du Mont Saint Rigaud qui dépend de l’abbaye de Cluny.

(*) On peut noter que le géographe Nicolay, indique, en 1573, l’existence d’un autre chemin pour conduire des marchandises légères du Beaujolais jusqu’à Paris. Il va de Beaujeu à Monsols par le col de Crie, puis saint Bonnet les Bruyères, la Clayette, jusqu’au port de Digoin sur la Loire et ensuite à Paris. Ce chemin ne pouvait être que muletier gravissant l’énorme rampe du col de Champ juin, donc inutilisable pour le transport du vin Beaujolais.

carte du maconnaisZone de Texte: IV— La vicomté du Mâconnais.
Parmi les vicomtes connus, il y a d’abord Albéric (ou Aubry 927-943), se reconnaissant comme vassal du comte de Mâcon —Hugues le Noir (927-957) qui lui laisse le pouvoir sur tout le comté.
Ensuite, nous trouvons Hugues le Blanc en 958—Seigneur de Briennon. Cette famille, fondatrice d’Azolettes, descend de Froilan surnommé Le Blanc, premier seigneur de Briennon et troisième fils de Froilan de Chamilly, seigneur et fondateur de la dynastie des Semur (en Brionnais) au début du Xème siècle , et neveu de Boson qui se proclame en 879, le roi d’une Provence indépendante.
Nordoin (ou Narduin) en 964, lui succède et est peut-être celui qui en 949 fit don d’un domaine rural sur Belmont de la Loire (près d’Azolettes) au monastère de Saint Pierre de Mâcon. Ce Narduin donna en mariage sa fille Euphémie au Vicomte Guigue, châtelain de Montmerle et fondateur d’une branche de la famille de Beaujeu.
Il se peut qu’Artaud le Blanc fût vicomte après Narduin, comme son père Hugues.
Toujours est-il qu’autour de 988, ils donnent tous deux, au monastère de Cluny, la chapelle de Montmelard, paroisse près de Gibles, en y ajoutant le don de terres situées dans trois villas sur Gibles.
Cette famille Le Blanc, en plus de ses biens à Briennon en possède de nombreux autour de Montmelard-Gibles et Bois Sainte Marie, à quelques kilomètres au Nord Est de ce qui sera trois siècles plus tard la ville de la Clayette.
Ce qu’il faut retenir, c’est que Guigue, petit fils de Bérard, châtelain de Montmerle, vicomte de Lyon, devient vicomte du Mâconnais à la mort de son beau-père Narduin à la fin du Xème siècle.
Ainsi, en l’an mil, la charge vicomtale est exercée en lyonnais et en mâconnais par un même personnage : Guigue de Montmerle.
La frontière naturelle des monts du Saint Rigaud est franchie. Un beaujeu (versant méditerranée) vicomte de Lyon accède à la charge de vicomte du Mâconnais (versant océan). Cette venue d’un Beaujeu à la tête de la vicomté mâconnaise va créer pendant près de deux siècles, une lutte d’influence entre les futurs vicomtes de Mâcon et les seigneurs de Beaujeu, qui est sans conteste à l’origine de la création d’Azolettes au début du XIIème siècle.
Zone de Texte: II — Existence historique d’une vie locale
Autour de l’an mil, connu uniquement par son prénom, Richard, gros propriétaire à Belleroche donna deux domaines au Monastère de Cluny, sous le gouvernement de l’abbé Odilon (983-1048). L’un est situé dans la villa (village) d’Azoles, l’autre est appelé : chapelle près de la Roche. (*)
Le domaine d’Azoles, dans le hameau qui existe encore à un kilomètre au sud du futur Azolette représente probablement quelques manses (maisons agricoles) entourés d’un curtil (cour intérieure) centre d’une petite exploitation avec quelques terres de seigle,  un champ de froment pour les redevances seigneuriales et quelques rangs de vignes. Autour de la villa il n’y a que des taillis et des prés marécageux, avec des joncs, près de la rivière.
Le domaine de la Chapelle contient l’église primitive de Belleroche qui passe ainsi sous le patronage de Cluny. Il est situé à côté de la roche de la Grefferie où les seigneurs de Beaujeu construisirent un siècle plus tard un château forteresse faisant partie, avec la tour d’Azoles, de leur ligne de défense, face à la Vicomté du Mâconnais.
De nombreux événements vont jalonner l’histoire durant le XIème siècle. Ce qui est certain, c’est l’existence avant l’an mil, d’une vie locale, entre Belleroche et Azoles, deux villas situées de part et d’autre de l’Iter Publicum, grand chemin reliant Belleville à Charlieu.
Unique voie de communication entre la Saône et la Loire (*), partant de Belleville, port sur la Saône, elle passe par l’étroit défilé de Beaujeu, contrôlé par les Sires de Beaujeu, remonte la vallée de l’Ardière, pour traverser la zone de partage des eaux à l’Ouest du col des Echarmeaux et reprendre le tracé actuel de l’ancienne route (par le col de la Pierre, limite Sud-Ouest d’Azolette), puis descendre sur la Guillermière et Chauffailles, traverser le Sornin sur le vieux pont de Châteauneuf pour rejoindre Charlieu.
Cette route se prolonge jusqu’à Pouilly sur Charlieu, port créé sur la Loire, pour l’embarquement des vins du Beaujolais et diverses marchandises destinées à Paris et au Nord Ouest de la France.

En face de Pouilly sur Charlieu, rive gauche de la Loire, on trouve Briennon, Seigneurie des Le Blanc qui seront les Vicomtes du Mâconnais et les fondateurs d’Azolette.