Zone de Texte: Le seul fait historique marquant d’Azolette remonte à la grande fête en l’église à Pentecôte 1138 (*) puis plus rien pendant quatre siècles, aussi doit-on signaler qu’en 1524, le roi François 1er, pour repousser le Connétable de Bourbon, allié de Charles Quint, se rendant en Italie, s’arrêta le 25 août à la Clayette, y passa la nuit avec sa troupe avant de reprendre la route par Beaujeu-Lyon-la Provence et l’Italie, en passant par Propières (*) par l’ancien chemin de Dun à Propières, limite Est d’Azolette entre «la Moulle et Ruyre », en « traversant notre pays, acclamé par les habitants, sous la conduite du seigneur Guillaume d’Amanzé ». Plus que Guillaume, nous pensons qu’il s’agit de son frère Jacques, tué sous les yeux du roi à la bataille de Pavie le 24 février 1525, avant que François 1er soit battu et fait prisonnier par les troupes de Charles Quint.
Aussi, au bord du chemin, tout le village d’Azolette fut massé pour voir passer le roi François 1er et toute sa troupe.
Quelques années après, c’est la venue d’idées nouvelles faisant des adeptes dans les villes dès 1540, terreaux des guerres de Religion qui incendièrent la France entre 1560 et 1600 et tout spécialement la Bourgogne du Sud, laissant néanmoins dans un obscurantisme séculaire les pays pauvres du Haut Beaujolais, le menu peuple demeurant toujours fidèle au Catholicisme et à fortiori Azolette, dirigé au spirituel et temporel par deux abbayes.
Or, ces petites abbayes royales, comme Joug-Dieu et Saint Rigaud, végétant et déclinant chaque jour davantage furent pour deux raisons qui leurs sont propres les causes principales de ces guerres comme nous allons le voir .
Zone de Texte: Chapitre IV—
L’époque de la guerre de religion (1562-1598)

Dernière mise à jour : Octobre 2008

(*) Relaté en 1ère partie d’Azolette au Moyen âge — chapitre V

(*) Le Chemin la Clayette-Propières limite Est d’Azolette s’appela officiellement en souvenir de ce jour « la route de François 1er » . Ce n’est qu’en 1670 que fut réalisée la route le long du Sornin.

Zone de Texte: I — Abbaye royale c'est-à-dire soumise à la commende.

Ces anciennes abbayes, spécialement Bénédictines, importantes il y a quatre siècles et vieillissantes au cours des ans, deviennent au début du XVIème siècle, la proie de la Royauté qui les rendit royales en se réservant la nomination de l’Abbé, dit sous commende, la plupart étant des cadets (*) de familles opulentes, à qui la faveur du roi accorde à titre de récompense ou à des fins politiques, la jouissance de la moitié des revenus de ces abbayes dites commendataires. 
Ces abbés appartiennent généralement au clergé séculier, ce sont bien souvent pour les abbayes qui nous concernent des Chanoines Comte de Lyon ,dépendant de la Cathédrale St Jean à Lyon, que la règle Bénédictine n’inquiète guère, ils échangent et cumulent volontiers les bénéfices et comme ils ne sont pas tenus à résidence, le cloître ne représente qu’un domaine plus où moins bien affermé.
On comprend qu’avec l’heure venue des guerres de religion, nous assistons à la destruction des abbayes attaquées par les troupes calvinistes sans résidence de l’abbé pour assurer leur défense et sans sa participation personnelle ultérieure à la reconstruction des ruines, ne pensant qu’a s’enrichir sans se soucier des corps et des âmes dont ils avaient la charge à l’intérieur de l’abbaye.
Le premier abbé commendataire de Joug-Dieu fut Ogier Chambrai en décembre 1523 et pour Saint Rigaud ce fut Martin de Beaune en 1540, successeur de Claude II M. troisième et dernier abbé de la famille.

(*) donc affectés d’office à l’Eglise.

Zone de Texte: II — Abbaye royale inadaptée à l’époque dite « Moderne » de la France — entre la mort de Charles Quint (1477) jusqu’à la Révolution (1789)

Depuis leur origine, les abbayes bénédictines étaient le centre des arts et des sciences. Dans les cloîtres était concentré tout le mouvement intellectuel d’une époque guerrière, car c’était des lieux sûrs et protégés, au milieu des guerres interminables du moyen âge. Ils étaient symboles de paix, rappelant sans cesse aux lourds guerriers, coureurs de grands chemins et encore « barbares » qu’au dessus de la force brutale et même bestiale, il y a quelque chose de plus délicat et plus puissant, à savoir : la culture de l’esprit et la force de la pensée.
Dès le début du XVIème siècle, l’influence des anciens ordres diminuant l’aurore d’une ère nouvelle liée à la Renaissance permet à la pensée, de s’évader des murs souvent croulants ou écroulés des abbayes et de rayonner dans tout l’univers. La science cherche à pénétrer tous les secrets et devient un lieu de discussion dans les chaires universitaires. L’art découvre à la Renaissance un champ plus vaste et un air plus libre.
Le monde, représenté par les gens de conditions moyennes ou aisées dans les centres urbains avec le développement de l’imprimerie, est saisi d’un inconcevable besoin de savoir qui excite les esprits, malheureusement face à cet appétit l’absence de tout adaptation et toute directive efficace de la Royauté comme de l’Eglise, prépara ces guerres de religion si meurtrières qui désunirent les français et achevèrent de ruiner ce qui restait des pieuses abbayes plus que séculaires.
Zone de Texte: III— Les Abbés de Joug-Dieu et Saint Rigaud pendant les guerres de religion (1562/1598)

Il est curieux que deux Abbés de Joug Dieu et Saint Rigaud à l’époque des guerres de religion furent condisciples en tant que Chanoines Comtes de Lyon et tous deux attachés à la direction du diocèse de Lyon.
En effet, Pierre d’Espinac, fils de Pierre, lieutenant général du roi pour la Bourgogne, et de Guicharde d’Albon son épouse, est né en 1540 à Apinac et fut agréé Comte de Lyon à douze ans en 1552, chamarier en 1559 et doyen de l’Eglise de Lyon à vingt neuf ans.
Finalement, sur les instances du Pape Grégoire VIII, son oncle Antoine d’Albon, frère de sa mère, accepta de se démettre en faveur de son neveu de la dignité épiscopale de Lyon ,ceci concordant avec sa mort, permit au jeune Pierre de prendre possession du siège de Lyon dès le 20 octobre 1574, donc à 34 ans.
De deux ans son cadet, Antoine d’Amanzé était le fils d’ Antoine marié (1540) à Françoise de Choiseul-Traves-Dracy et fut agréé Comte de Lyon à moins de 20 ans, grâce à son oncle Jean, frère de son père, également Comte de Lyon. A vingt cinq ans (1567), il fut nommé abbé de Saint Rigaud (*) tout en continuant ses études et son ascension au sein de l’Eglise de Lyon, où à trente six ans (1578) il est nommé Doyen de l’Eglise de Lyon et Grand Vicaire de Monseigneur d’Espinac. Cette nomination l’avait obligé à se démettre de son titre d’Abbé de Saint Rigaud (octobre 1577).
Ceci montre combien la conjoncture politique de l’époque favorisa l’ascension de deux chanoines, Comtes de Lyon, condisciples et très jeunes.
Pierre d’Espinac ne résida pas longtemps dans son diocèse, car député aux états de Blois (1577), il présida en tant que primat des Gaules l’assemblée du clergé de Melun (1579). C’était un ligueur lié au Duc de Guise et également au Saint Siège dans l’obédience du Pape, donc favorable à l’extinction du calvinisme et également du gallicanisme, entraînant la déposition du roi Henri III.
Cette position amena Henri III à l’exiler de France en le nommant ambassadeur en Angleterre entraînant « ipso facto » Antoine d’Amanzé en tant que Vicaire Général à assumer la responsabilité du diocèse de Lyon en l’absence de son évêque.
Ce fut une longue absence jusqu’en 1590 où à son retour avec l’arrivée de Henri IV, il fut, par la mort d’Amédée Baronnat (*) en plus abbé de Joug Dieu.
De 1590 à sa mort en 1599, il s’attira l’inimitié du roi Henri IV et des bourgeois lyonnais, les premiers à se rallier à Henri IV, en dépensant des sommes folles prises sur ses revenus de commendes, pour rattacher à la ligue des villes que le roi Henri IV cherchait à rallier à sa cause. Il mourut en 1599, quasi prisonnier, avec sa sœur dans leur château d’Ombreval (*), qu’elle dut vendre pour éponger les dettes de son frère, malgré ses revenus exceptionnels (*)
A cette époque de la fin du XVIème siècle, le primat des Gaules et l’Eglise de Lyon dont son Vicaire Général était Antoine d’Amanzé, furent très contestés, car Pierre d’Espinac fut l’un des plus mauvais archevêques nommés à la tête du diocèse de Lyon.

(*) C’est pendant sa commende en tant qu’abbé que l’abbaye de Saint Rigaud fut prise et pillée par les protestants, puis reprise par les catholiques, sous l’autorité d’Antoine d’Amanzé, son père, seigneur de Chauffailles. L’abbaye n’était que ruines et désastres à la suite des deux interventions des troupes armées.

(*) Baronnat, famille Lyonnaise de marchands de drap, qui exploitèrent à l’époque de Jacques Cœur les mines de Saint Bel, en ayant quatre échevins de Lyon entre 1499 et 1545—Amédée était l’un des cadets, voué au clergé.

(*) actuellement la Mairie de Neuville sur Saône(69).

(*) En 1579 à son départ en Angleterre, outre l’Archevêché de Lyon, il possédait l’Abbaye séculière de l’Ile Barbe et le beau prieuré de Saint Rambert en Forez enfin l’Abbaye d’Ainay. En 1590, à son retour d’Angleterre, il reçut deux autre abbayes dans son diocèse, c’était Joug Dieu et la Benisson Dieu en Forez, non loin de son prieuré de Saint Rambert.

Zone de Texte: IV— Les Abbés de Joug Dieu et Saint Rigaud après les guerres de religions (1600-1670)
Joug Dieu :

A la mort de l’Archevêque d’Espinac (1599), Joug Dieu fut successivement dirigée par deux chanoines « Chantres » de l’église de Beaujeu. Ce fut d’abord Claude de Ponceton (*), fils d’Alexandre, seigneur de Franchelins et de Jeanne de Grandris.
Ensuite, de 1610 à 1624 c’est Antoine Carrige d’une famille bien connue dans le haut Beaujolais (*)
La commende passe en 1629 à un civil Roger de Nagu de Varennes (*) fils aîné de François de Nagu, seigneur de Belleroche (42) jusqu’en 1637.
Il devint Gouverneur de la ville d’Aigues Mortes puis Gouverneur de la province du Roussillon. Ses devoirs professionnels l’obligeaient d’habiter loin de Belleroche et, a fortiori, il en fut de même pour l’abbaye de Joug Dieu.
En 1635, son plus jeune frère Charles, capitaine d’infanterie fut tué au siège de Louvain. Pourvu de la charge vacante il abandonna en 1637 l’abbaye de Joug Dieu à son second frère Alexandre, chanoine comte de Lyon et depuis 1637 prieur de Saint Marcel de Chalons.
« Mort avec son épouse d’une maladie infectieuse (1650) Roger donna tous ses biens à son fils ainé Joseph âgé de cinq ans. Il institue son frère noble Alexandre de Nagu, chanoine comte à Saint Jean de Lyon comme tuteur de ses enfants et administrateur de leurs biens ».
Ainsi, pendant la deuxième moitie du XVIIème siècle, Alexandre de Nagu assure la seigneurie de Belleroche jusqu’en 1670, à la majorité de son neveu Joseph, en même temps que celle d’Azolette en tant qu’abbé de Joug Dieu.
Aucune restauration n’étant fait par Alexandre de Nagu, les bâtiments comme l’église restèrent en ruine et les six moines formant la communauté furent obligés d’abandonner l’abbaye et vivre chacun en particulier à Villefranche (*)
En 1670, il propose d’abandonner les revenus de sa commende, ce qui lui fut refusé. Aussi, totalement écœuré de son abbaye qui ne lui donnait que soucis et tracas, il échangea en 1684 sa charge d’abbé contre celle de prévôt de l’église Saint Pierre de Mâcon. Voilà où mène la commende !!!......

Saint Rigaud d’Avaize :

Revenons maintenant à Saint Rigaud, ruinée et dévastée que François d’Armanzé abandonne par démission en 1577 pour faire carrière au diocèse de Lyon.
Son remplaçant fut Jean de Villecourt, qui profita d’un ordre d’Henri de Bourbon, Prince de Condé, chef des protestants,« portant défense à tout gens de loger et prendre fourrage, vivres, munitions, chevaux ou autres choses de l’abbaye de Saint Rigaud » prouvant ainsi l’état encore bien précaire des lieux. Un brevet d’Henri IV de 1602 lui permet de résilier ses fonctions d’abbé en faveur de Claude III de Gaspard (*) abbé jusqu’en 1619.
Cet abbé remit de l’ordre dans l’abbaye. Pour cela, il ne sacrifia pas sa fortune personnelle, mais vendit la dîme en totalité que l’abbaye percevait sur Chauffailles aux d’Amanzé seigneurs du lieu. Cette somme, fort coquette, permis de remettre en état l’abbaye totalement ruinée, mais il est certain que ce fut au détriment des revenus restant pour entretenir et faire vivre les six ou sept moines résidants.
En 1619, son neveu Laurent de Gaspard du Sou succéda très jeune à son oncle, puisqu’il n’était que tonsuré et conserva l’abbaye jusqu’à sa mort, soit pendant près de cinquante ans.
Sa présence était fort épisodique, permettant seulement une connaissance superficielle des moines dont il avait la charge. Le plus grave fut le choix désastreux du prieur ,responsable spirituel de la communauté, Jean baptiste de Murard, incapable, sans titre ni moralité et néanmoins couvert par son abbé pour plusieurs dénonciations et persécutions aux nouveaux convertis au protestantisme, allant de la brimade, aux amendes très importantes jusqu’à la mise en prison à Charolles et l’exécution de punitions publiques. Ceci entraîna l’intervention de l’évêque de Mâcon qui obtint un bref du Pape Alexandre VII ,en 1662, révoquant et expulsant cet « indigne intrus » remplacé par Ennemond Germain (*) jeune moine de Joug Dieu nommé prieur de Saint Rigaud 
La présence de ce jeune moine rétablit le calme à l’intérieur de l’abbaye, mais non à l’extérieur. Quand on songe que cet abbé du Sou usa du droit d’asile réservé aux abbayes, pour accueillir un de ses amis Antoine Decligny et son épouse, avocat de toutes les causes douteuses de la noblesse Brionnaise, qui venait d’assassiner Bonaventure Ducarre, notaire de Châteauneuf et qu’il utilisa ce droit pour chasser par la force et blesser ceux venus pour arrêter l’avocat.
L’abbé du Sou n’eut qu’une forte amende compte tenu de l’influence familiale. Quant à l’assassin, coutumier du fait , avec ses puissantes relations avec la noblesse du coin, nous ignorons le sort qui lui fut réservé.
Tout ceci confirme les réserves émises au début de ce chapitre sur la commende des abbés nommés par le roi et non élus par les moines.
Heureusement que la venue d’Henri IV réserva à la France une longue période de paix intérieure qui dura deux siècles jusqu’à l’arrivée de la Révolution.
Ceci est confirmé par un extrait d’une enquête de l’intendant de Bourgogne C. Bouchu de 1666à1669 qui exigea dans les communautés de la généralité le même questionnaire appliqué à toutes les paroisses de Bourgogne (nous le trouverons pour Azolette, enclave de Bourgogne, dans la suite de ce site). Ceci nécessita un travail de trois ans qui vient d’être rendu public(2008)sur le site des archives de la Côte d’Or.
Ce questionnaire comprend XIV questions pour chaque paroisse et nous mettons ci-dessous la question XIV pour la paroisse de Ligny(71)où est implantée l’abbaye de Saint Rigaud avec le contenu de sa réponse:
« Il n’y a point de bénéfice dans l’estendue de la Paroisse ,sinon l’abbaye Royale de St Rigaud. Il y a 6 religieux Pères résidant en l’enclos de l’abbaye qui est clos et fermé. Le sieur Abbé fait bien le service et traite fort religieusement , l’église, les bâtiments de la dite abbaye sont en bon estat. Il est de revenu d’environ trois mil cinq à six cens livres , sur quoi il faut entretenir les religieux, les bâtiments, payer les Décimes, un moine lay ,( c’était un soldat ,à le nomination du roy, entretenu aux frais de l’abbaye royale) et autres charges, comme aumône, refonde ( frais pour absence de comparution en justice) don à des curés sans comprendre les portions congrues et gage du chirurgien. Elle est de nomination Royale .Le Sieur Laurent de Gaspard, Escuyer, en est abbé de bonne vie et mœurs(?) »

(*) La famille de Ponceton possédait de tout ancienneté le fief de Laye à Taponas, village à quelques kilomètres au Nord de Belleville sur l’A6 et les deux tiers des dimes de Franchelins.

(*) A Ouroux, la Carelle était un pavillon de chasse appartenant au sire de Beaujeu, possédé plus tard par la famille Carrige jusqu’en 1610. Actuellement c’est la propriété de la famille Riboud (Danone).

(*) Une des premières familles du Beaujolais, originaire aussi d’Ouroux, elle possédait le fief de Varennes à Quincié en Beaujolais, érigé en marquisat en 1618.

(*) Alexandre était d’ailleurs en procès avec les moines de l’abbaye « à cause des dégradations, dépérissement et enlèvements dont on voulait le rendre responsable ».

(*) Le château de Sou, créé par la maison de Thélis– L’Espinasse à Lacenas (à côté de Gleizé, près de Villefranche sur Saône) est en dessous de Notre Dame du Sou, chapelle remarquable par ses fresques. En 1539, un descendant de Thélis vendit à Claude Gaspard le château. C’est l’un de ses petits fils Claude III, qui fut abbé de Saint Rigaud.

(*) Ennemond Germain, né vers 1633 entra jeune à l’abbaye de Joug Dieu et à trente ans étant sacristain, l’évêque de Mâcon (Mgr de Lingendres) lui confie la direction intérieure et spirituelle comme prieur de Saint Rigaud. Ceci montre les rapports cordiaux qu’entretenaient les deux abbayes et l’évêque du lieu, en charge des Azolettons.

Il resta jusqu’à la mort de l’abbé du Sou, du fait de son influence néfaste et réintégra en 1673 aussitôt Joug Dieu où il reprit sa charge de sacristain jusqu’à sa mort.