Zone de Texte: Préambule sur la vie au XVIIème siècle

Dernière mise à jour : Mars 2009

Zone de Texte: Préambule
En France les historiens font commencer le XVIIème siècle avec l’assassinat du roi Henri IV en 1610 et le font terminer avec la mort de Louis XIV en 1715.

Du XVIIème siècle jusqu’à la Révolution, la population passa en France, le pays le plus peuplé d’Europe, de 15 à 25.000.0000 d’habitants. Il faut néanmoins bien distinguer le XVIIème siècle, période de misère, de famines, de guerres et d’épidémies du XVIIIème plus agréable, sans guerre ni grand malheur, qui permit l’enrichissement et la croissance du pays.

Dans nos campagnes, au XVIIème siècle,  un actif sur deux est un ouvrier agricole sans autre bien qu’un lopin de terre de quelques ares, obligé de travailler pour les autres de ses mains. Ce «  manouvrier » est la première victime des mauvaises récoltes et des guerres, le premier atteint par les épidémies et la misère, devenant souvent mendiant et révolté.

Les laboureurs eux sont propriétaires mais leurs terres sont peu étendues (5 ou 6 hectares en moyenne), plus aisés ils semblent manquer de charité chrétienne vis-à-vis des manouvriers, c’est que, depuis les guerres de Richelieu au début du siècle ils sont écrasés d’impôts royaux (Tailles) dont sont exonérés : le clergé, la noblesse et les titulaires des offices.

Enfin il y a les bourgeois- ruraux qui possèdent d’importantes surfaces cultivables qu’ils font exploiter par des fermiers ou des métayers.

L’ouvrier agricole habite une maison d’une seule pièce partagée parfois avec une autre famille. A l’intérieur, des paillasses à même le sol en terre battue, une cheminée( tirant mal )où pend la crémaillère, une armoire où il range sa vaisselle en terre cuite, ses chemises de chanvre, quelques draps et des couvertures de laine. Dehors un abri en bois avec 4 ou5 poules, 2 ou 3 brebis que les enfants mènent paître au bord des chemins. Attenant à la maison, un potager, où l’on cultive quelques légumes traditionnels (choux, fèves, lentilles, pois ou navets) car la révolution alimentaire de la pomme de terre et du colza ou choux gras n’apparut qu’en1760.

Ces « journaliers » ne possèdent que de rares outils à main, une bêche, une faux, une fourche de bois ou une faucille. De mai à octobre ils vont chez les laboureurs qui possèdent des terres se louer pour aider aux foins et à la moisson qui se fait à la faucille. Soixante à soixante-dix journées de labeurs rapportent 20à30 livres Le reste de l’année il offre ses services comme terrassier, couvreur de chaume, débardeur de bois ou charbonnier (de bois), tandis que sa femme file à domicile le chanvre. Comme l’écrit récemment Alain Frerejean : «  La France d’en bas est en guenilles sous Louis XIV »

Le laboureur n’a aucune autre machine agricole que la charrue. Aussi à l’exception des labours, avec cheval ou mulet, tout se fait à la main. Or semer à la main prend du temps et la pluie interrompt les semailles qu’on n’a pas toujours le temps de terminer avant l’hiver. Les semis restent exposés aux rongeurs et aux maladies. Tout ceci rend les récoltes aléatoires.

Le rendement est en moyenne de 4 ou 5 grains récoltés pour 1 grain semé, mais sur les mauvaises terres, ou pendant les années de disette, il peut tomber à 3 pour 1. Si l’on déduit de la récolte le montant des impôts dus au roi (au moins 20%pour la Taille), les aides : ces impôts indirects variables, la dîme pour le clergé, les cens dus au seigneur et la réserve de grains nécessaire à l’ensemencement de l’année suivante, il reste peu pour nourrir une famille.

Le métayer exploite une terre avec les semences, les matériels et animaux fournis par le propriétaire et partage de moitié avec lui les fruits de son labeur, Il dispose nécessairement de quelque avance financière, présentée au propriétaire, sinon il ne peut être que journalier ou domestique.

En plus du travail des champs, le travail du chanvre est une autre activité particulièrement ancienne dans les monts du Beaujolais. Dès le XIème siècle on peigne et file le chanvre cultivé dans une chenevière, très proche de la maison, même celle du plus modeste paysan.

Un nouveau métier voit le jour au XVIIème siècle, celui de paysan-tisseur qui travaille sur son métier dans la « boutique », pièce semi enterrée permettant de maintenir l’humidité nécessaire au chanvre.

Le Haut-Beaujolais devient une montagne manufacturière.

Le laboureur travaille à domicile à l’aide d’un métier à tisser à bras. Cette complémentarité entre l’agriculture et le textile a généré très tôt malgré le relief accidenté, une des plus fortes concentration de population rurale en France.

Ceci se passa durant tout le XVIIème siècle, de sorte qu’on estime, bien avant l’arrivée des canuts à Lyon, qu’à la fin du siècle dans la montagne beaujolaise, plus de 60 000 paysans-tisseurs travaillent pour le textile, pendant une partie de l’année ou même toute l’année, dans ce cas ils s’appellent des texiers.

Toutefois, après vingt ans de répit relatif, correspondant au ministère de Colbert (1665-1683), la France d’en bas renoue avec le malheur. Ce n’est plus la peste ou la révolte contre le fisc, comme sous Richelieu, mais la disette. La récolte de 1692 est suivie à l’automne de pluies diluviennes qui détruisent les semailles et provoquent, en juillet 1693 une moisson désastreuse où la misère et la pauvreté sont au-delà de l’imaginable. Le peuple qui ne manque que des herbes, coupe, ruine tout le blé avant qu’il ne soit mûri. Des spéculateurs accaparent le grain, de sorte que son prix va jusqu’à quintupler.

A la fin du règne de Louis XIV en 1709, la France connaît son hiver le plus rigoureux de son histoire. Le 6 janvier, la température chute de 20° C, puis pendant trois semaine reste en dessous de –10° C. Les rivières gèlent. Les curés enterrent des malheureux pris par un froid qui leur a sans doute gelé le sang.

Pour cette période 1709-1710, la France dénombre 100 000 morts de froid, 100 000 morts de faim auxquels s’ajoute 50 000 mort d’épidémie.