Zone de Texte: L’abbé Delacroix, homme de confiance des biens du Cardinal Fesch. 
Aussi, laissons l’abbé Lyonnet (1) préciser le rôle que Monseigneur Fesch a imparti à notre grand-oncle.
« Monseigneur Fesch destinait à l’œuvre des missions en campagne, des séminaires et des retraites (dont faisait partie notre grand-oncle Nicolas-Augustin) tous les bâtiments et terrains qu’il possédait sur la colline de Saint Bruno, sur les pentes de la Croix Rousse à Lyon. Vaste propriété avec magnifique maison type savoyarde, qui pouvait bien valoir au moins quatre à cinq cent mille francs.
Ce fut Monseigneur Delacroix, alors directeur du séminaire de Saint Irénée qui sert d’entremetteur pour permettre au Cardinal Fesch de faire passer sa propriété des Chartreux à l’œuvre des Missionnaires.
Son Éminence avait une confiance pleine et entière en Monseigneur Delacroix, elle lui avait donné des preuves en d’autre circonstances. Elle lui remet donc, non sous la forme d’une donation pure et simple, le gouvernement du roi Louis XVIII ayant pu s’y opposer, mais sous le déguisement d’une vente simulée afin d’ôter à qui que ce soit tout prétexte de recherche et de poursuite, les titres de sa propriété des Chartreux.
Le respectable entremetteur, Monseigneur Delacroix, si digne en tout point de la confiance de son Archevêque, souscrit le montant de la vente par une série de billets à ordre. Monseigneur Fesch ne voulut même pas les recevoir et ordonna sur le champ à ses grands vicaires de les rendre à l’obligeant signataire (2).
Monseigneur Fesch recommanda, avec la restitution des billets souscrits, l’engagement à régulariser cette donation par un acte légal et authentique, avec la clause spéciale de l’affectation ou destination qu’il avait indiquée.
La vente fut signée le 29 février 1816, avec les trois séminaires d’Argentières, de Verrières et d’Alix, pour un montant de Sept cent cinquante mille francs, que Monseigneur Fesch reconnut avoir reçu (3). 
La royauté demeura respectueuse du nom, donc du droit de propriété de N-A Delacroix d’Azolette, semblant ignorer l’origine des biens qui auraient dû être mis sous séquestre, comme tous les biens de la famille impériale et échapper au diocèse.
Monseigneur Delacroix, passant du Grand Séminaire, à la cure de Saint– Bruno et de celle-ci au grand Vicariat du diocèse de Belley, ne manqua pas, quand il crut l’occasion opportune de remplir ses obligations. Ce fut le 18 mars 1825, qu’il fait la cession, par acte notarié, entre les mains de Monseigneur de Pins, administrateur apostolique du diocèse de Lyon (4), de la grande maison des Chartreux avec ses clos et dépendances, en mentionnant que ce serait à la charge perpétuelle d’en laisser la jouissance et le produit à la Société des Prêtres missionnaires des Chartreux, fondée par M. Brochard.
Une ordonnance royale de Charles X, en date du 3 Août 1825 accepta avec les clauses susdites la donation (5) de cette magnifique propriété.
Sur l’acte de vente du Cardinal Fesch à Monseigneur Delacroix, comme sur celui de la donation de Monseigneur Delacroix, se trouvent compris les séminaires de l’Argentière, de Verrieres et d’Alix, donnés au diocèse de Lyon, à la conditions qu’ils seraient régis par les prêtres de l’œuvre des prêtres missionnaires des Chartreux.
Si le diocèse fut attentiste pendant le premier exil du Cardinal Fesch à Rome, tout était consommé après son deuxième exil en août 1815. La vente fictive à l’abbé Delacroix sauvegardait les biens du Cardinal Fesch.
Le Cardinal, pas plus que ses grands vicaires n’acceptent l’évincement du diocèse de Lyon. Donc impossible de songer à une démission de « l’obstiné corse » et rien dans le passé épluché du Cardinal ne peut donner matière à une procédure de déposition. Une seule voie, la nomination d’un Administrateur Apostolique, ne laissant à Fesch que des qualifications purement honorifiques.
Pour cela, Pie VII nomme en 1817 Mgr de Bernis, évêque d’Albi, Administrateur du diocèse de Lyon, mais il refuse d’être vicaire de Fesch et le conseil d’état refuse les simples Administrateurs Apostoliques. Donc aucune promulgation du décret pontifical et les vicaires généraux administrent le diocèse jusqu’à la fin de son pontificat en 1822.
Puis, nomination de Léon XII et sur les insistances de la France, déroulement identique mais après accord du pape et du roi, c’est Mgr de Pins, évêque de Limoges, monarchiste inconditionnel qui est nommé Administrateur Apostolique. Il gardera ce poste jusqu’à la mort du Cardinal Fesch à Rome, en 1839, et sera remplacé par Monseigneur de Bonald.
M. Courbon, premier Vicaire Général de Fesch, n’eut pas à faire allégeance au nouveau prélat puisqu’il mourut juste avant.
M. Bochard, deuxième vicaire général et cofondateur des « pères de la Croix de Jésus » avec l’abbé de la Croix, dernier fidèle des fidèles de Fesch, ne put admettre cette usurpation et s’opposa à l’administrateur. En juin 1824, il fut contraint de faire des excuses, puis démissionne et se retire dans ses « terres » de Monestruel dans le diocèse de Belley où il recrée « en réduction » l’œuvre des Chartreux.
Attente et abnégation
d’un propriétaire malgré lui.
Tout ceci n’était guère favorable à la libération de l’abbé N-A. de la Croix de ses soucis de propriétaire. Heureusement, l’abbé J.M. Mioland, supérieur depuis 8 ans des prêtres des Chartreux, confirma sa soumission d’enfant au Vicaire de Jésus qui le nomma membre du conseil diocésain. 
En 1824 meurt Louis XVIII et la nomination de son frère, le comte d’Artois, Charles X, retarde jusqu’au 3 Août 1825 l’ordonnance de donation au diocèse, de la maison carrée et des trois petits séminaires (Verrières, Alix et l’Argentière) pour jouissance et produit affectés perpétuellement aux missionnaires des Chartreux. Nous ne pouvons arrêter là les obligations de N-A. de la Croix. 
Pour les pères missionnaires des chartreux tout était réglé, mais il n’en était pas de même d’un autre bien remis par le cardinal Fesch pour cession au diocèse, à savoir le château et les terres de Pradines, près de Roanne, totalement financés par le cardinal Fesch, qui devaient faire retour via le diocèse aux Bénédictines de l’abbaye.
Le dernier terme de cet achat avait été couvert par la vente de la collection de tableaux pendus aux murs des couloirs de la Maison des Chartreux. Mais ces Bénédictines rattachées puis détachées des Sœurs Saint Charles de Lyon, bien qu’agréées par Louis XVIII, n’avaient pas d’autorisation légale d’existence ni de constitutions approuvées leur permettant de recevoir des biens en propre propriété.
Madame de Bavoz, (6) première abbesse de l’abbaye, gardait beaucoup d’inquiétude car l’abbé de la Croix pouvait revenir sur les conditions initiales de la vente et en accord avec Mgr de Pins, attribuer la donation à une autre congrégation religieuse jouissant de l’autorisation légale.
Cinq ans encore d’attente et d’abnégation supplémentaires pour N-A. de la Croix qui, depuis 1816, attendit jusqu’au 27 juillet 1830 l’ordonnance archiépiscopale assurant l’avenir du cloître naissant et la réception par l’abbesse, Madame de Bavoz, en pleine propriété de tous les biens achetés à Pradines par le Cardinal Fesch. 
La religieuse reconnaissance des Pères Chartreux pour Nicolas Augustin de la Croix d’Azolette n’a d’égale que celle des Sœurs de Pradines devant sa patience, son dévouement et son désintéressement tout au long de cette interminable opération immobilière.