Zone de Texte: Les dernières années de Monseigneur Nicolas Augustin Delacroix d’Azolette — (1779-1861) 
Après 16 ans au service du diocèse d’Auch, il demande à se retirer de sa charge. Il prétexte qu’à 77 ans, il ne peut désormais accomplir qu’une partie de sa mission et dit-il :


« Dieu demande compte de tout ».

Le pape Pie IX lui propose un coadjuteur, mais il préfère laisser le diocèse à un successeur entièrement responsable et libre de son action pastorale. Selon la parole de ce successeur : « il se décida à commettre la première faute de sa vie épiscopale, celle de descendre de son siège. »
En juin 1856, il quitte Auch et se retire dans son domaine de Régnié où il assiste comme le plus humble paroissien, à tous les offices paroissiaux et même au catéchisme des enfants. Mais, dans son vignoble, il se demande avec inquiétude s’il pratique assez le détachement des biens familiaux qu’il avait tant de fois recommandé et prêché à ses prêtres. Aussi, en 1858, il donne et lègue à l’hôpital de Beaujeu, « pour les revenus, être employés au soulagement des pauvres malades », sa propriété de Régnié puis se retire aux Chartreux à Lyon, dans une humble cellule des anciens cloîtres appartenant au couvent du Sacré coeur. Il fait suivre son pauvre lit de sangles qu’il ne quittera jamais. Sa petite chambre est meublée d’une table couverte d’un tapis vert usé, de quelques chaises de paille et d’un crucifix. Il lit, il prie « pour préparer, disait-il, son éternité ».
Zone de Texte: C’est là que se termine sa vie
le 6 juin 1861
par la mort d’un Saint (1) 
Le 5 juin 1861, Monsieur l’abbé Sentis, ancien premier vicaire Général d’Auch, qui vivait avec Monseigneur Delacroix, accueillit avec consternation Monseigneur Delamare, nouvellement nommé à Auch, qui désirait recevoir des mains de Monseigneur son « pallium » (2). Il lui annonça que Monseigneur Delacroix qui se faisait fête de sa visite était gravement atteint depuis la veille au soir par une « fluxion de poitrine ». Ce n’était plus qu’une question d’heures vers la mort inéluctable.
La rencontre fut bienveillante et affectueuse, mais courte. Dès cet instant, Monseigneur était constamment occupé ou de Dieu ou de son hôte. Le nouvel archevêque revint auprès du malade pour lui proposer l’extrême onction qu’il accepta avec joie, de la même manière qu’il avait la veille au soir fait appeler le curé de Saint Bruno son confesseur habituel. La célébration se passa avec calme et piété.
La nuit suivante il délira et le matin du 6 juin, il reçut le Saint Viatique avec sérénité et demanda simplement l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Depuis trois ans, Monseigneur était logé dans un corps de bâtiment appartenant au couvent du Sacré cœur. On fit venir deux religieuses ses nièces (3), puis toutes les religieuses du Sacré cœur, qui en procession, suivies de toutes les grandes élèves de l’institution, vinrent baiser son anneau pastoral et recevoir la bénédiction qu’avec lucidité, le saint archevêque prodigua à ceux qui le sollicitaient. Enfin, ce fut le tour des deux domestiques de la maison, Monseigneur fut très présent à ces ultimes adieux et quelques instants après (17 h 30) il mourut sans agonie, et tous, à cette nouvelle, prêtres et laïcs s’écrièrent : « c’est un véritable Saint ».
Pendant plusieurs jours, la foule se pressa dans la chapelle ardente et la famille Delacroix d’Azolette consentit à ce qu’il soit inhumé dans l’église Saint Bruno où l’autorité civile s’est empressée de mettre à la disposition de la famille et des amis du défunt un des caveaux de la superbe église, jadis restaurée par les soins du Prélat lorsqu’il était curé de la paroisse (1818-1823) Son cœur fut promis à l’église d’Auch, selon le désir exprimé par Monseigneur Delamare.
Restait à régler les obsèques qui eurent un cérémonial somptueux (4).
Le vénérable chapitre de la primatiale averti des ordres supérieurs, pris une délibération tendant à obtenir que les funérailles fussent faites à la primatiale Saint-Jean où il serait plus facile de déployer la pompe demandée. Mais la cérémonie demeura fixée à l’église des Chartreux et fut remise du lundi 10 au mardi 11 juin. Malgré ce changement de date, une foule immense encombrait les lieux environnants.
A l’homélie, l’évêque de Toronto captiva l’auditoire par le récit de cette admirable vie. La Providence transforma chaque démarche que le Prélat faisait pour s’abaisser, en nouvel échelon pour l’exalter. Ainsi, les funérailles d’un Prélat qui avait voulu finir sa vie dans une cellule de religieux, oublié de tous, loin de son ancien diocèse et même de sa famille, se trouvaient présidées par son digne successeur avec la présence de plusieurs prélats et transformées par une délicate disposition du gouvernement de l’Empereur en une pompe telle que la grande et religieuse ville de Lyon n’en avait pas vu depuis la venue du Pape Pie VII en 1804 pour le sacre de Napoléon.

(1) Tiré du document « notice sur les derniers moments de Monseigneur Delacroix d’Azolette » par le chanoine Darré, vicaire général du diocèse d’Auch..

(4) Le Sénateur, Préfet du Rhône, avait demandé des instructions au Ministre des Cultes, qui au vu des états de service du défunt « Ancien Archevêque d’Auch, Chanoine du premier ordre du Chapitre Impérial de Saint-Denis, Chevalier de la Légion d’Honneur », ordonna qu’une pompe exceptionnelle soit donnée aux obsèques. Y participait : - le chapitre de la primatiale et tout son personnel, le  Préfet, la Cour Impériale, le Maire de l’arrondissement et toutes les autorités civiles et religieuses, dont l’évêque de Toronto-(Monseigneur Charbonnel) l’Archevêque de Turin et l’Archevêque d’Auch, Monseigneur Delamare qui présidait la cérémonie.

(3) Il s’agit des deux sœurs cadettes de notre ancêtre Augustine de la Croix d’Azolette, religieuses au Sacré cœur  : Louise (1838-1892) et Jeanne (1839-1924) qui partirent toutes les deux le même jour au « Couvent de l’Adoration perpétuelle, au Sacré cœur des Chartreux à Lyon » au mois d’avril 1858. Cet événement est rappelé dans le vitrail au dessus de la porte d’entrée de la chapelle votive dans l’église d’Azolette où, avec une exactitude quasi photographique a-t-on dit, Louis De La Croix offre au Sacré-cœur ses deux filles.

(2) Ornement réservé : au pape, aux primats  et aux archevêques , porté en sautoir sur la chasuble.