Zone de Texte: L’ombre de l’Archevêque 
Lorsqu’en 1840, Monseigneur arriva à l’Archevêché d’Auch, il prit pour assurer son secrétariat Guillaume Sentis qui n’était encore que diacre, brillant en études, apte aux affaires et rempli d’appétit pour réussir. Né en Gascogne, à Lectoure (ville où les sœurs de la Providence reçurent une maison de l’Archevêque), il a su gagner promptement la confiance du Prélat. Il l’accompagne à Rome auprès du pape en 1844 et 1848 ainsi que dans tous ses déplacements à Paris, aux conciles régionaux de Lyon—Toulouse -  Bordeaux. Même dans les visites à sa famille, l’abbé Sentis est son ombre qui le suit, plus, c’est son représentant obligé. Pour toute question pendante au niveau du département, des ministères ou de la nonciature, c’est l’abbé qui paraît et qui traite.
Enfin, encore davantage, il exerçait cette même autorité dans la maison de son archevêque ; il la gouvernait, tenait la caisse, connaissait seul son contenu. Cette omnipotence ne plut jamais à Auch ni auprès du clergé, ni auprès des administrations.
Cet état atteint même l’Archevêque, pourtant chéri de son peuple, qui commença à être moins aimé à cause du favori. Comment accepter que sous couvert d’humilité, de pauvreté, de bonté, de générosité, on abandonne sans contrôle la gestion de tous les biens dont on a la responsabilité à un secrétaire brillant mais autocrate, arriviste et cupide.
Les choses allèrent si loin que le secrétaire comprit qu’il fallait qu’il parte. Par une manœuvre habile, se sentant tomber, il entraîna Monseigneur dans sa chute. Il le persuada que sans lui son ministère devenait impossible.
Comme il fallait qu’il partit, il devait partir avec lui et démissionner. Le prélat y fut bientôt déterminé.
A Paris avec Monseigneur, sans informer le clergé d’Auch, il fit accepter sa démission du diocèse et obtint la nomination à un canonicat très important  à Saint-Denis, accordant une retraite exceptionnelle à l’ancien Archevêque, de 10 000 F/an 
Ceci conclu, où aller ? Pour l’abbé, c’était Paris, Monseigneur s’y opposa tenant à se retirer dans sa maison de Régnié. Il pensait s’y rendre seul, mais leur abandon commun d’Auch les réunit et c’est comme aumônier qu’il suivit Monseigneur.
Son neveu, Louis de la Croix, fils du chevalier Jean-Marie II, engagea d’importants travaux pour rendre la retraite de l’oncle agréable. Celui-ci transita d’abord quatre mois au Plumet à Azolette, puis s’installa à Régnié, à la fin des travaux, en novembre 1856, où étaient les deux dernières filles de Louis qui ne songeaient qu’à quitter le monde, mais étaient heureuses de s’y préparer dans l’intimité du Saint Archevêque. Quant à Louis, il y résidait le plus souvent possible, hors obligations de maire et propriétaire à Azolette et aussi de gestionnaire des biens de son épouse, vivant dans sa famille, à Saint Autin (71).
L’oncle et son aumônier habitaient une aile de la maison séparée et indépendante, avec chambres, bibliothèque, salon, chapelle nouvellement créée et jardin.
On ne se réunissait qu’à la chapelle pour la messe et à la salle à manger pour les repas, les domestiques de Louis résidant à la Plaigne.
Au printemps 1858, l’oncle manifesta le désir d’un autre lieu de retraite plus sacerdotal, prétextant comme non canonique qu’un évêque vive sur ses terres.
Les deux filles de Louis estimant que leur présence était cause du départ de leur grand oncle, demandèrent à leur père de les laisser mettre à exécution leur projet. Il y consentit et le 8 avril 1858, elles quittèrent définitivement la Plaigne et la tendresse familiale. Ce double départ hâta celui de l’oncle qui tint à se retirer à Lyon.
On pensa bien entendu à la maison des Missionnaires des Chartreux dont il était cofondateur et ancien homme de confiance  des biens propres de Monseigneur Fesch. Le Cardinal de Bonald, Primat des Gaules, mit à sa disposition l’appartement qui lui était affecté, mais l’aumônier tenant à conserver près de lui les quarante trois caisses ramenées d’Auch, constitutives du « magot de l’Archevêque », constata que l’appartement proposé était trop petit. Il fit refuser l’offre par Monseigneur et on entreprit de nouvelles recherches.
Louis trouva enfin dans l’ancien cloître des Chartreux, propriété « des dames de l’Adoration Perpétuelle du Sacré-cœur » ou venaient de rentrer ses deux filles, des locaux à aménager mais suffisants pour stocker dans les dépendances tous les trésors amassés d’Auch et de la Plaigne. Ces locaux étaient une ancienne cellule de la Chartreuse « du Lys Saint Esprit ».
Le 8 juin 1858, Monseigneur s’y installe pauvrement et prépare « son éternité ». Tout est en place pour maintenir cette présence « cloîtrée », supprimant tout contact hors présence de l’aumônier. Il suffit d’attendre la fin du Prélat qui ayant atteint 80 ans est physiquement affaibli et sa santé peu brillante.
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