Zone de Texte: Translation et déposition du cœur de Monseigneur Delacroix d’Azolette dans la cathédrale d’Auch 
le 27 septembre 1861 
La cérémonie annoncée depuis longtemps avait attiré une foule considérable pour rendre au Saint Pontife les derniers honneurs de la reconnaissance et de la piété.
Le cortège, parti à 9 heures du séminaire où reposait la précieuse dépouille, s’est acheminé lentement vers la cathédrale, dans le recueillement, au chant des prières des morts. Près de trois cents prêtres s’avançaient un cierge à la main, recueillis et priant entre deux haies de fidèles émus et respectueux. Il y avait aussi les frères de Lavacan, les enfants de prédilection de Monsieur Delacroix, les dames de la Providence, les sœurs de la Charité, les congrégations pieuses de la ville, avec leurs croix et leurs bannières voilées de  noir, tous plongés dans le deuil et le silence, suivis des autorités du département et de la ville.
Au milieu des rangs, dans un modeste brancard orné des insignes de la mort, apparaissait le cœur du vénéré pontife porté sur les épaules de quatre prêtres.
Tous les yeux s’attachaient sur lui et les têtes s’inclinaient sur son passage, en signe de vénération et d’amour.
C’était l’occasion de se rappeler son fin et souriant visage, le charme de son regard et la force de sa douce et persuasive parole. Ses protégés repensaient  aux œuvres diverses dont il a doté notre pays et aux grandes vertus dont il a laissé l’exemple. Son zèle s’étendait à tout : les pauvres et les malheureux, le sort des malades..., mais ce qui lui apparaissait comme l’œuvre capitale de notre époque, c’est l’éducation religieuse de la jeunesse. 
Il fonda pour cela les collèges d’Eauze, de Gimont et de Lectoure et établit dans le diocèse l’admirable institution des frères de l’instruction chrétienne de Monsieur l’Abbé de la Mennais. 
Ce fut pour réparer le mal du délaissement et de l’ignorance des pauvres filles de la campagne, éloignées de tout centre d’éducation, qu’il donna une existence légale à l’institut des filles de Marie et qu’il établit les dames de la Providence, répandues aujourd’hui dans le diocèse tout entier.
Tout le monde connaissait son amour de la pauvreté, sa touchante simplicité, son désintéressement et sa charité sans borne, son esprit de foi, sa confiance filiale en la Providence et aussi son imposante et majestueuse gravité dans les cérémonies religieuses qui édifiaient à Rome jusque sur les marches du trône pontifical. Aucune meilleure inspiration de notre nouvel Archevêque ne pouvait mieux inaugurer son épiscopat que de le placer sous le patronage du « cœur » de ce père tendrement aimé de tout le clergé et des fidèles de son diocèse.
	F. Caneto
Vicaire général du diocèse d’AUCH