Petites Histoires pertinentes ou impertinentes sur le vin Beaujolais familial

Zone de Texte: Depuis 2002, nous assistons à une mévente du Beaujolais. Par analogie, on peut rappeler la chute des cours du millésime 1785, due à la surproduction.
Le curé d’Azolette, fin lettré, dans son compte rendu annuel, très apprécié du clergé Lyonnais, alla jusqu’à écrire (1) :
« La grande abondance qu’on fit en Beaujolais en 1785 et le très bas prix de cette denrée donnèrent aux mendiants eux-mêmes la facilité d’en avoir. On se porta à tous les excès de l’intempérance en 1786. Le peuple, ivre de sa prospérité n’écoutait plus les pasteurs et je compris alors mieux que jamais que la famine ou du moins une disette telle que celles de 1770, 1771 et 1774 était un moindre mal pour le peuple qu’une grande abondance… »
Sans commentaire — Si .. un seul commentaire.
En 1786, le titulaire de la cure d’Azolette est Nicolas Delacroix (1743-1815), huitième enfant de François Marie, seigneur d’Azolette.
Ce jésuite, saint prêtre mais très austère, était remarquablement bien physiquement. De grande taille, la tête ornée d’une belle et abondante chevelure blanche comme neige, son regard inspirait la vertu. Il était l’un des prêtres les plus érudits du diocèse, possédant les langues grecque et latine et parlant l’allemand et le polonais.
En effet, ayant refusé le serment à la constitution du clergé, il s’expatria en Prusse et Pologne de 1792 jusqu’en 1800 où son neveu Jean-Marie II (frère de l’Archevêque) partit le chercher à Berlin et il reprit la cure d’Azolette jusqu’à sa mort en 1815.
N’est-ce pas cet anathème lancé par « l’oncle curé » qui marqua Monseigneur Nicolas Augustin, l’amenant à la fin de sa vie à ne pas transmettre à ses neveux héritiers, ses vignes porteuses « des excès de l’intempérance » mais préféra en faire don aux Hospices de Beaujeu ?
Histoire de Beaujolais