Zone de Texte: Chéri, qu’est ce qu’on leur apporte ce soir ? On achètera des fleurs ou tu prendras du champagne ? L’homme accueillit la question de sa femme, un petit sourire en coin. Lui savait bien ce qu’il allait faire. Il n’avait aucunement l’intention de lâcher 20 € à un fleuriste sans âme, quant aux bulles sans imagination, il n’avait déjà que trop donné ! D’autant que ces amis qui l’invitaient à dîner connaissaient l’endroit. Ils y étaient venus. C’était pour le 15 août, un week-end de rêve, il n’avait presque pas plu et le thermomètre avait frôlé les 17°, le bel été Azoletton.
Bien sûr, ils avaient été séduits par ce haut beaujolais très France d’en bas. Un joli coin de campagne où l’herbe est toujours verte et le cousin affable. Goguenards, ils avaient toutefois demandé : « il n’y a que des sapins ici ? Mais où sont donc les vignes ? »
Il tenait sa revanche…
Une bouteille dans chacune des deux poches de son duffle-coat, l’homme sonna à la porte, sûr de son effet. Pour parer les questions qui ne tarderaient pas à fuser, il avait relu le livret de l’oncle Mortamet : Nicolas Augustin—1779-1861 « un passionné de Dieu, de l’Eglise et des hommes… Auch hérita de son cœur, la chapelle Saint Bruno de son corps, toute la communauté de ses vertus »... Un vrai puzzle à lui tout seul !
Pour les détails, il broderait et puis le Régnié lui viendrait en aide. Pourvu qu’on ne lui demande pas trop précisément son lien de parenté avec cette étiquette « Cuvée réservée Monseigneur de La Croix d’Azolette ».
Par la grâce du vin, il serait donc ce soir là, un peu châtelain, un peu négociant, mais aussi un peu fils d’archevêque.
Olivier de Lagarde,
Journaliste à Europe 1
Réflexions d’un buveur !

Petites Histoires pertinentes ou impertinentes sur le vin Beaujolais familial