Zone de Texte: L’incroyable testament de Monseigneur N-A Delacroix D’Azolette 
Le testament est reproduit ci après et nous vous encourageons à le lire attentivement avant de vous plonger dans ce qui suit. Ce testament, comme tout bon Régnié est à lire « avec modération ». Reproduit en première pièce annexe (cliquez ici)
I—Préambule 
Comment contredire par un testament le panégyrique exprimé en fin de vie de ce grand  pontife de l’Eglise ? Pourtant que d’interrogations, d’incompréhensions et de souffrances pour notre famille à l’ouverture du testament de l’oncle Archevêque.
Aujourd’hui, tout paraît simple et normal : Monseigneur Delacroix donne par testament sa propriété de Regnié aux hospices de Beaujeu pour soigner et soulager les pauvres malades. En réalité, cette propriété comprenait les vignobles de la Plaigne, pour 8 hectares et de la Combe, pour 5 hectares appartenant aux Delacroix depuis 1606 (soit depuis 250 ans) était destinée à l’unique neveu direct de l’Archevêque, Louis de la Croix. (Dans la suite de cet exposé, les termes Regnié ou La Plaigne, se référeront toujours à l’ensemble des deux vignobles la Plaigne et La Combe).
Affecté à  Nicolas, par son père, Jean Marie I, la Plaigne souffrait de quarante ans d’abandon au profit des propriétés de Propières et Azolette, qu’il avait su si bien développer. En homme d’Eglise, Nicolas, aurait continué à laisser dévaluer ce domaine, si son neveu Louis n’avait travaillé plus de vingt ans pour l’entretenir, l’embellir et le faire fructifier. Aucun contrat de rémunération ne liait le neveu à l’oncle, le neveu travaillait pour lui puisque selon l’Archevêque, tout lui reviendrait à sa mort.
Pourquoi taire cette incroyable et ténébreuse affaire, incompréhensible pour la famille, qui retrace les dernières pages d’Histoire de la Croix d’Azolette, avant la disparition du nom ? A l’ouverture du testament chez le notaire de la famille à Lyon, le 8 juin 1861, aucun des trois héritiers légitimes, à savoir : Louis de la Croix et les deux enfants de sa sœur cadette Thérèse (1806-1846) épouse du baron de Vaublanc, à savoir : Louise, épouse de René du Roure et Alphonse n’est exécuteur testamentaire.
Au fur et à mesure de la lecture, l’incompréhension succède à la colère. Louis est annihilé de découvrir que la non restitution d’un fermage, dont il s’estime peu coupable, le déshérite de toute la propriété de Régnié au profit des Hospices de Beaujeu. Quant aux deux enfants de Vaublanc, ils sont totalement oubliés dans le testament. 
Alors, que faire ?
1 ère démarche : Le procès
Une seule démarche : faire opposition auprès de l’autorité de tutelle pour que l’autorisation de recueillir le legs soit refusée aux Hospices de Beaujeu qui le réclamèrent par exploit le 29 août 1861.
Les deux enfants de Thérèse, sœur cadette de Louis, rédigent leur opposition. Un établissement public ne saurait concentrer une fortune considérable, surtout si c’est en opposition avec celle d’héritiers légitimes. Si leur grand-père était inspecteur en chef « aux revues » (on dirait maintenant « à l’intendance ») mort au cours de la campagne de Russie et leur grand-oncle, Préfet de l’Empire et Ministre de l’intérieur sous Charles X, leur père, officier d’infanterie est mort prématurément en 1844 et leur mère en 1846, ce qui leur donne une toute autre position financière que leurs parents.
Louis de la Croix, écarté de la Plaigne et blessé dans son honneur, hésite durant un an avant de remettre son opposition le 19 juin 1862. Il laisse planer la certitude d’une « captation » d’héritage sans nommer ni le terme, ni l’auteur.
En effet :
le testament n’est pas dans la forme d’un prélat à sa famille, mais celle d’un notaire, sans cœur ni spiritualité..
Le testament est faux sur le fond puisque l’oncle Archevêque n’a pratiquement que l’usufruit sur le domaine Babillon, donc plus rien à sa mort. Comment expliquer une pareille ignorance dans son testament ?
L’Archevêque avait coutume de dire : « chez les Prêtres, les biens de famille doivent rester dans la famille et les biens de l’Eglise revenir à l’Eglise ». Ce n’est pas le cas pour Régnié, ni pour l’Eglise, compte tenu des articles 8 et 10 du testament.
La situation des Hospices de Beaujeu est florissante avec ses cinquante trois lits (plus que de malades) et le bénéfice de 1861 correspond au tiers de la valeur de la Plaigne.
Enfin, pourquoi ce legs, sinon pour déshériter le neveu , puisque les obligations vagues affectées au legs sont déjà remplies par la fondation d’un lit à l’Hôpital de Beaujeu, pour les communes de Propières et Azolette, notariée le 11 Août  1857, un an avant le legs total de Regnié, avec le même objet.
La réponse rapide des hospices fut donnée dans sa séance du 6 novembre 1862. Si Louis De La Croix avait repris les arguments des De Vaublanc, il aurait eu la même réponse : « Si vous êtes convaincu de manœuvres coupables et dolosives, adressez-vous aux tribunaux institués pour réprimer ces fautes ». Mais les insinuations sur la « captation » obligèrent la commission à demander l’aide des exécuteurs testamentaires et elle perdit la sérénité qui était de mise, en mettant au défi quiconque de pouvoir nommer un auteur pour cette « captation ».
Le 10 mars 1863, près de deux ans après la mort de L’archevêque, Louis de la Croix relève le défi, puisque la commission le demande, tout en réaffirmant que les membres honorables des Hospices sont totalement étrangers à cette affaire.
L’auteur n’est autre que l’abbé Guillaume Sentis, secrétaire de Monseigneur Delacroix à Auch, puis son aumônier jusqu’à sa mort et décrit précédemment comme « l’ombre de l’Archevêque »
2 me démarche : Le procès
Centre du testament, l’affaire Berthilier que nous venons d’exposer, artificiellement grossie par l’oncle ou son aumônier, pour cause d’actualité, aurait du s’éteindre avec le codicille. En effet, en 1860, tout étant clarifié avec les Sœurs de la Providence pour la vente de la propriété de Lectoure, l’oncle , l’aumônier, ou tous les deux, décidèrent d’y associer l’affaire Berthilier dans un codicille. Ce fut la supérieure des sœurs hospitalières de Beaujeu, Madame Lescalier, qui fut chargée de remettre les 800 F à Pierre Berthilier, sur les fonds de l’Archevêque par l’intermédiaire de Maître Janson, notaire à Beaujeu, chargé des intérêts des Hospices des Beaujeu et exécuteur testamentaire de l’archevêque.
Ce versement fut quittancé en date du 28 juin 1860, trois jours avant la rédaction du codicille. Cette rédaction est équivoque et ne reflète pas l’expression des écrits de Monseigneur. C’est retors, car on laisse croire qu’en spoliant un fermier contrairement aux ordres de son oncle, le neveu « économe infidèle » commet une grosse faute, qu’il a reconnu ensuite et a effectué lui-même le remboursement de la somme due pour se faire pardonner.
Par cette sentence, tout le monde saura, y compris nous, descendants De la Croix, que le neveu gérait injustement et c’est pour cela que son oncle l’a déshérité. 
Un châtiment qui effraie de la part d’un Saint.
Ainsi, mal rédigé, le codicille fut refusé par Louis De la croix, juriste et « écorché vif » dans son honneur, qui le porta fin 1863 devant les tribunaux, contre l’abbé Sentis et Maître Janson, exécuteurs testamentaires encore en vie.
Trois articles du journal « le courrier de Lyon » résument le procès :
	30 décembre 1863 :	Le tribunal de Lyon est saisi de la suppression d’un passage du testament de feu Monseigneur De la Croix d’Azolette, par Louis de la Croix, demandeur, pour retrouver son honneur.
	1er janvier 1864 :	La partie adverse soutien que l’action n’était pas recevable, le passage attaqué n’avait rien d’injurieux ni de diffamatoire. Le tribunal a renvoyé la cause à huitaine.
	17 janvier 1865 : 	On rappelle que dans son jugement du 30 janvier 1864, le tribunal a reconnu la vérité du fait reproché et la nécessité d’une réparation. Il ordonne le retour des expéditions du testament et tout nouvel exemplaire sera accompagné d’une mention spéciale précisant : « au reçu de la somme du fermier, le neveu en a informé en 1859 son oncle et mentionné la somme dans les comptes remis, puis restitution de la somme a été faite par une tierce personne habilitée à le faire, sur les deniers de l’Archevêque , sans en tenir informé Louis De la Croix». Messieurs les exécuteurs testamentaires ont interjeté appel. La Cour de Lyon a confirmé la sentence des premiers juges par un arrêt du 8 juillet 1864 et a condamné les appeleurs à l’amende et aux dépens de l’instance et de l’appel. Cet arrêt vient de passer en force de la chose jugée, donnant définitivement gain de cause à Mr Louis De la Croix, qui dans toute cette affaire n’avait vu qu’une question d’honneur personnel.
C’est le dernier procès intenté par un De la Croix d’Azolette et sûrement le plus laborieux et le moins bénéfique. Ce procès lava chèrement l’honneur de notre ancêtre et le nôtre a posteriori, mais Il marqua profondément son cœur et son esprit jusqu’à la fin de ses jours le 10 juin 1877.
3 me démarche : donation du domaine de Babillon.
Milieu 1864, son honnêteté étant blanchie, Louis, par acte de justice renonce à la succession de son oncle pour s’en tenir seulement à la donation qui lui est faite du domaine Babillon.
De plus, pour faire taire les bruits qui circulent sur les arrières pensées qu’il entretiendrait, fort de son procès gagné, Louis abandonne ensuite son opposition devant le Conseil d’État, seul organisme permettant de rendre caduque la donation de Régnié aux Hospices de Beaujeu.
Ainsi, après avoir tout engagé avec courage et ténacité, il perd par fierté et abandon sa qualité d’héritier légitime pour s’occuper seulement du domaine Babillon, contrepartie des 20 000 F de dot à son mariage. Les deux descendants de Vaublanc restent donc seuls héritiers de la succession de l’oncle Archevêque.
C’est par eux que la « série noire » continue pour Louis, puisqu’ils font opposition à la donation à Louis du domaine Babillon. Nous ignorons pour l’instant la conclusion de cet ultime épisode que nous essaierons d’éclaircir dans une future étude, sachant seulement que ce domaine à Propières n’est plus dans la famille depuis cette époque.
Peut-on parler de « captation » d’héritage ? 
Aucune relation, vinicole ou autre, n’existait entre l’oncle ou le neveu et les Hospices de Beaujeu, pourtant la donation des vignes dû germer dans le cerveau de l’oncle, de l’aumônier ou des deux ensemble, pendant leur séjour à Régnié.
L’oncle était préoccupé de l’avenir de sa propriété de Regnié. Pour sa venue, son neveu Louis avait réalisé des travaux et des achats somptuaires (estimés à 20 000 F) auxquels s’ajoutait en cave, la vision permanente de beaucoup de vin non vendu, pour près de 5 000 F. A tout cela  l’état psychique de Louis, bien seul, séparé de sa femme et loin de ses quatre filles, était incompatible avec la survie familiale de Regnié. L’oncle avait la confirmation qu’en l’espace de quelques décennies, la famille De la Croix s’était tellement amenuisée, qu’avec la fin du nom, était liée celle de sa propriété de Régnié.
L’aumônier avait lui une unique crainte : perdre le Magot. En effet, si les biens immobiliers de Regnié ne pouvaient supporter, sans ventes, les legs et frais donnés par l’ancien archevêque, on s’intéresserait aux valeurs mobilières et liquidités amassées, comptées comme simple reconnaissance, sans valeur, pour son dévouement à son Archevêque et complément bien légitime de la modeste rente versée de 450 F/an.
Un tour d’horizon amenait nécessairement aux Hospices de Beaujeu, très riches et avec une connotation sociale et religieuse, seuls capables de débourser les legs et charges qui s’en suivent (estimés à plus du tiers de la valeur de Regnié) sur leurs biens propres, sans vente des vignes de l’Archevêque.
L’idée fit son chemin, on pensa alors au domaine de Babillon pour libérer la propriété de Régnié de la charge dotale de 20 000 F due à Louis, sans bien connaître la valeur du bien puisque en cas d’insuffisance, elle devait être complétée par les Hospices de Beaujeu.
En somme, doit-on parler de captation ?
L’oncle n’a pas changé d’attitude vis-à-vis des membres de la famille, car son testament associe à la fois une réflexion sage à un souci de « préparer son éternité » par des dons importants pour le salut de son âme.
L’aumônier ne pense qu’à satisfaire son appétit, aiguisé par vingt ans de gestion personnelle des biens de Monseigneur.
Ainsi, l’oncle et son aumônier pouvaient paraître à l’unisson sur cette donation aux hospices de Beaujeu, mais  pas pour les mêmes raisons.
Le long et total laxisme du Saint Oncle vis-à-vis de l’abbé Sentis est une prémonition véridique sur l’avenir de la famille De la Croix, ils peuvent expliquer à eux seuls, l’incroyable testament, sans parler de captation d’héritage par l’abbé Sentis.
Pour confirmer ou infirmer ces dires, il serait souhaitable de suivre à la trace l’abbé Sentis après son départ de Lyon pour Auch, en 1862 et peut-être de « traquer les signes extérieurs de richesse ».
Quant à nous, descendants des De la Croix d’Azolette, avec près d’un siècle et demi de recul, nous partageons les sages réflexions de l’oncle archevêque. Le paiement des legs et charges par les Hospices de Beaujeu est lourd mais possible. Cela aurait été obligatoirement pour Louis de la Croix le choix entre Regnié ou Azolette.
Louis aimait trop Regnié : l’œuvre de sa vie. A 60 ans, au décès de l’oncle, sa santé chancelante nécessitait soleil et chaleur et il ne se sentait plus le courage de supporter en solitaire « le climat de loup » d’Azolette, bloqué tout l’hiver par la neige. Ce refus d’isolement aurait entraîné nécessairement l’abandon des biens en Haut Beaujolais, pour pouvoir conserver l’ensemble de Regnié.
Après Louis, cette propriété aurait été vendue par ses deux filles mariées, car Marie était tournée vers St Autin, propriété de sa mère qui lui revint et Augustine n’avait de passion que pour Azolette, qu’elle a sue faire partager à son époux Théodore Perroy.
Sans la décision pleine de sagesse de l’oncle Archevêque, plus aucun descendant De la Croix ne serait présent actuellement en Azolette et ce nom, réhabilité sur ce site, resterait uniquement comme souvenir au Nobiliaire du Beaujolais.
Coup de théâtre ! Huit ans après la mort de l’Archevêque. 
Il y a quelques semaines, le Secrétaire perpétuel de l’Académie de Villefranche en Beaujolais, trouva par hasard, traînant sur une table, à l’Académie, un exemplaire du journal « le courrier de Lyon » du mardi 11 mai 1869. Le feuilletant, il découvrit aux Annonces Légales, l’annonce reproduite ci-dessous qu’il transmit aussitôt très amicalement au rédacteur de ce site.

Nous vous laissons la découvrir et déguster ce « coup de théâtre » prouvant que le hasard fait bien les choses. Ainsi, huit ans après l’ouverture du Testament de Monseigneur Delacroix d’Azolette, rien n’est réglé et c’est un sujet de plus, non encore élucidé qu’il reste à découvrir.